Quand la Fierté devient un produit : l'hypocrisie woke à ciel ouvert

Par Sly Chapel

La Fierté, ce n'est pas seulement un défilé joyeux ou un mois de célébrations. C'est le fruit d'une lutte acharnée, le témoignage de décennies de marginalisation et de l'espoir d'un avenir plus inclusif. Pourtant, quand on observe la Fierté cette année, et qu'on la compare à celle de l'an dernier, une question s'impose avec une clarté dérangeante : sommes-nous en train de transformer un mouvement social profond en un simple produit de consommation?

Trop souvent, le soutien affiché à la communauté LGBTQ+ par de grandes entreprises semble émaner d'une source bien moins noble que la conviction : l'avidité. Elles peignent leurs logos aux couleurs de l'arc-en-ciel, lancent des collections "Fierté", et inondent nos fils d'actualité de messages de soutien. Mais soyons honnêtes : combien de ces actions sont réellement motivées par un engagement sincère pour l'égalité et la justice, et combien sont de simples stratégies marketing pour capter une nouvelle clientèle ou redorer leur image?

L'analogie est crue, mais parlante : c'est un peu comme si l'on s'imaginait que la strip-teaseuse nous apprécie vraiment, et que son attention compte. Dans les deux cas, le geste est là, l'apparence de l'intérêt aussi, mais la motivation profonde est ailleurs – dans le profit, dans l'échange, dans la performance. Ce soutien "woke" de façade, dénué de substance, ne fait pas avancer la cause ; il la ridiculise.

Lorsque le combat pour l'égalité est réduit à une campagne publicitaire, c'est toute la dignité de la communauté gaie qui est mise à mal. Au lieu d'être perçue comme un mouvement puissant et légitime, elle risque de devenir un simple accessoire, une tendance éphémère à exploiter. Cette instrumentalisation par le capitalisme ne fait que renforcer les clichés et le cynisme, nuisant à l'acceptation authentique et à la compréhension profonde.

Il est temps de se demander : que reste-t-il de la Fierté quand elle est édulcorée et commercialisée à outrance? Pour que la Fierté retrouve son sens et sa force, il faut que le soutien vienne du cœur, non du portefeuille. Le respect et l'inclusion ne s'achètent pas et ne se vendent pas ; ils se construisent.